Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/196

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du velours chaud. Les adonides jetaient des gouttes de sang dans leur verdure aérienne.

Les feuilles avaient poussé partout, tendres, jeunettes, les tillots offraient leurs têtes vierges à la dorure du soleil, les éventails des palissades allongeaient des décors d’une brillante nouveauté, les marronniers dressaient leurs thyrses d’ivoire.

D’un coup d’œil Jasmin embrassa cette féerie. Le château lui-même, sur le fond des bois rajeunis, paraissait s’enlever au ciel sur les ailes des parterres qui s’allongeaient à ses côtés.

Et Buguet vit la beauté de ce petit palais, la jolie proportion des fenêtres, entre lesquelles reposaient des bustes de marbre, et celle des balcons où les armoiries de la Marquise apparaissaient : trois tours dorées. Il comprit la majesté souriante des frontons sur les toits mansardés où les croisées s’encadraient comme des miroirs, et la juste échelle des huit marches qui conduisaient aux trois portes alignées. Et ayant saisi l’irréprochable disposition des terrasses, la mesure des allées, la place choisie des palissades, les engageantes combinaisons des chemins, il aperçut la façon divine dont la grâce du château se mêlait à celle des jardins. Ensemble délicat où les choses se faisaient valoir l’une l’autre sans jalousie ! Comme pour tenter d’aimables avances, la pierre prenait la souplesse de la fleur, et les fleurs, dans leurs ensembles, frémissant comme des