Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/205

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de Pompadour debout au milieu de la salle de musique sous les petits lustres qui avaient l’air d’être tenus par les amours ailés voltigeant dans les bleus du plafond. Malgré les fatigues de la journée, en une robe jaune qui bouffait sur ses paniers, la favorite dansait devant le Roi avec un seigneur en habit blanc tout brodé d’or et qui portait sur sa nuque un nœud violet pareil à un immense papillon. Ils levaient un bras en l’air et ils se donnaient la main par-dessus leur tête ; il semblait à Jasmin que leurs pieds glissassent sur les phrases cadencées que lâchaient la basse, le hautbois et les violons.

Il en parla à Martine au moment où ils allaient se coucher. La soubrette avait une robe de laine d’un gris pâle.

— Je pourrais danser comme Madame, dit-elle, mais je n’ai point d’aussi beaux ajustements.

Elle souffla la chandelle. La lune inondait la chambre. À sa clarté Martine parut habillée comme sa maîtresse d’une étoffe lamée d’argent. Elle jeta son bonnet. La nuit la nimba. Alors elle leva le bras, tendit une main à un cavalier invisible et de l’autre souleva légèrement un pan de sa jupe. Elle entama le menuet à la musique des rayons qui frôlaient les arbres du parc.

Jasmin et Martine vécurent ainsi dans un des plus