Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/215

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Tiennette n’avait jamais laissé couler sa chemise sale sur ses talons avant d’avoir entonné la propre. Il est vrai que sa mère braquait toujours le regard au judas de sa chambrette et que le bon Dieu a l’œil partout ! Mais tout de même n’a-t-il pas mis au monde Tiennette toute nue ?

— Il verrait que j’ai poussé droit, se dit-elle, il n’y a pas de honte à cela !

Après avoir constaté que tout dormait derrière les volets clos, sournoisement l’enfant releva sa grossière chemise au-dessus de ses seins pommés, puis se mira du haut en bas dans les carreaux de vitre. Elle se trouva belle et rougit. Certes, dans ce logis plus d’un miroir étamé n’encadrait pas souvent pareil corps. La pauvrette, en revêtant ses humbles habits, eut la sensation qu’elle cachait un trésor.

— Quand je saurai œillarder, pensa-t-elle, je vaudrai bien une Parisienne !

Pleine d’espoir, elle réveilla Martine :

— C’est-il bientôt que je vas voir la Marquise ?

— Comme te voilà pressée !

— Pourvu qu’elle ne me trouve pas trop mal avenante ! C’est que je n’ai pas ta dégaine. Pour venir j’ai fait raccoutrer mes souliers et Cancri n’y a pas ménagé les clous. J’ai ce matin essayé de me débarbouiller aussi bien que toi. Ma peau reste jaune.