Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/217

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— Vingt ans.

— Un bel âge ! Et tu es pucelle ? demanda la Marquise en plongeant son regard spirituel et aigu dans les yeux noirs et veloutés de Tiennette.

— Oui, Madame, répondit Tiennette étonnée.

— Tu ne mens pas ? insista la Marquise en levant la tête.

— Non, Madame, je n’ai point menti.

La Marquise avait un costume de sultane : veste turque, serrée aux poignets et au col, mais laissant apercevoir les seins en une ombre lascive et, plus bas, du ventre, par des fentes, crevés libertins que le moyen-âge appelait « portes de chair ».

Tiennette n’osait bouger, regardant les plumes de l’écritoire, ou les dépêches jetées sur l’ottomane.

— Pourtant, dit la Pompadour, on m’avait parlé (car je suis bien renseignée) d’un vieux marquis qui courait à tes trousses ?

— Il ne m’a point eue, je vous le jure, Madame.

La Pompadour se recoucha sur l’ottomane.

— Tu es solide, dit-elle en souriant. Mais je n’ai point de place pour toi en ce château. Tu iras à Versailles.

La physionomie de Tiennette s’attrista tout à coup.

— Que cela ne t’ennuie ! reprit la Pompadour. Tu seras bien traitée et je ne veux faire de toi une maritorne, peste !