Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/219

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et que les gens appelaient le « cheval de bronze ». Aux quatre coins du piédestal des hommes en métal, mi-nus, foulaient des cuirasses, des boucliers, des carquois et des casques. Comme c’était jour ouvrier, les deux trottoirs du pont se trouvaient couverts de tentes avec boutiques. Des forains vendaient cent objets pour le populaire. On se bousculait parmi les mendiants, les crocheteurs, les fiacres, les carrosses jaunes aux essieux rouges ; une poissarde poussait sa brouette en criant : « Voilà le maquereau qui n’est pas mort, il arrive ! il arrive ! », un chanteur, hissé sur un tabouret, braillait aux sons d’un violon aigre devant la place Dauphine : bâtie sur l’île de la cité, celle-ci avançait vers le cheval de bronze deux maisons roses aux stores bleus, aux carreaux verts ; l’une faisait le coin du quai des Orfèvres et Jasmin vit à ses fenêtres une belle jeune fille poudrée de blanc qui pendait ses cages.

Mais un carillon tinta, joyeux comme si le ciel lui-même se fût pris à chanter. Ses notes tombaient du campanile doré de la Samaritaine. Buguet regarda les cloches. La Samaritaine avait été reconstruite en 1712 à la seconde arche du Pont-Neuf, du côté du Louvre. Ce bâtiment, édifié sur pilotis, élevait l’eau par une pompe et comprenait trois étages, dont le second se trouvait au niveau du pont. L’avant-corps, en bossage rustique, vermiculé et cintré