Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/225

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au-dessus des jupes bouffantes avaient l’air de grands cœurs, parmi ces petits-maîtres qui portaient des perruques à l’oiseau royal et se mettaient des bouquets gros comme la gorge d’une nourrice. Mme de Pompadour donnait souvent des fêtes. Et Jasmin prenait grand plaisir à la voir célébrée par les seigneurs orgueilleux dont les habits à pans bouillonnés se mariaient aux massifs et aux parterres, grâce à leurs tons de fleurs de pommiers, de verts réséda et de violettes, fournis d’argent et d’or. Dans les allées, les dames de qualité avaient des airs de cloches parées avec leurs jupes pompeuses sur les paniers et sur les « jansénistes » ; leurs brocarts orfèvrés de pivoines et de coquelicots, les ramages des soies légères, les gerbes peintes sur cotonnade d’Inde — tout cela parsemait le labyrinthe et les salles de verdure de grands bouquets cérémonieux qui enchantaient Jasmin. Les femmes avaient de délicieuses petites têtes poudrées et promenaient sur les boulingrins les regards étourdis de leurs yeux en amande, des yeux « à la chinoise », et leurs nez retroussés «tournés à la friandise». Les gentilshommes faisaient la révérence en portant les mains jusqu’à terre. Dans ce monde chamarré de grâces on se faisait un plaisir, comme l’écrivait un auteur précieux, de se renvoyer l’un à l’autre, à l’aide des zéphyrs, des tourbillons de poudre à la maréchale ou