d’ambre gris. Et parfois, flambant des rubans vifs de Lyon, de Gênes ou de Palerme, toute la compagnie dansait la ronde (le Roi aimait cela ! ) par les bosquets du baldaquin ou sous les arbres de Judée. Les danseurs se tenaient à bras très allongés, à cause des paniers en gondole ou à guéridon, et Mme de Pompadour, d’une voix qui faisait songer Jasmin à l’orgue de son église au printemps, chantait :
- Nous n’irons plus au bois,
- Les lauriers sont coupés !
Dans les premières années de son séjour à Bellevue Jasmin aperçut souvent à ces réunions l’abbé de Bernis, qu’il avait entrevu à Étioles. Il le trouva plus replet et d’un air plus grave. Il en fit la remarque.
— Ah ! s’écria Flipotte, il n’en est plus au temps où, lorsqu’on l’invitait, ses amis lui donnaient un petit écu pour payer son fiacre !
— Il vient souvent chez la Marquise, dit Agathon.
— C’est que déjà à Étioles il était du dernier bien avec elle !
Jasmin serra les poings. Mais Martine intervint :
— Non point !
— Comment ! s’écria Flipotte, mais Madame l’appelle son bébé, son poupard, son pigeon !
— Bah ! reprit Martine, j’ai entendu devant Mme du Hausset la Marquise dire que l’abbé de Bernis est un pantin qui l’amuse, et qu’elle l’habillerait