Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/227

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et le déshabillerait sans songer à mal. Il va partir pour Venise, où il sera ambassadeur.

Jasmin soupira. Et Agathon avoua que le départ de M. de Bernis le navrait autant que l’avait enchanté celui de M. de Voltaire pour la Prusse.

— Je crois bien, s’écria Flipotte, tu allais jeter de l’eau bénite à la place où M. de Voltaire avait passé. Cela te fait une besogne en moins !

Piedfin haussa les épaules, caressa son menton glabre et regarda les autres avec l’air d’un prestolet qui se croit l’étoffe d’un évêque.

Chaque fois qu’il y avait foule à Bellevue, Mamert Cornet, l’espion, apparaissait parmi la valetaille ou les seigneurs, souvent richement vêtu comme tous les coqueplumets, mousquetaires, dragons, timbaliers qui formaient les suites et les escortes. Piedfin l’avait pris en affection. Il préparait de petits plats pour Cornet, lequel était gourmand, et en échange l’espion lui apprenait des choses de son métier.

Cornet, à chaque visite, poursuivait Martine de ses assiduités, mais la soubrette se défendait. Le mouchard en vint à la moquerie et aux menaces.

— La fidélité est une vertu de village, dit-il.

— Eh bien, je suis villageoise, répliqua Martine, et n’ai point été élevée parmi les grands fripons de Paris.

— Malpeste ! Est-elle gothique ! s’écria Cornet esquissant