Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/229

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Jasmin hésitait.

— Vite, ou je tombe ! s’écria la Marquise.

Jasmin lui prêta son bras. Tandis que Martine accroupie ôtait son soulier dont elle retirait une épine, Jasmin sentit contre lui respirer la Pompadour. Elle était palpitante, et Buguet dut fermer les yeux pour ne pas être tenté d’embrasser à lèvres folles la nuque qui semblait s’offrir.

L’épine enlevée, la Marquise partit rieuse vers un groupe de masques qui agitaient des castagnettes.

On jouait souvent au théâtre de Bellevue. Le spectacle des petits appartements, qui se donnait jadis à Versailles et au sujet duquel Martine avait écrit à Jasmin, lorsqu’elle était son accordée, y fut transporté. Mme de Pompadour devint la principale actrice. On donna l’Impromptu à la Cour de marbre, Zélisca, le Préjugé à la Mode, les Fêtes de Thalie, Vénus et Adonis, le Devin du village. Ces spectacles étaient mêlés de concerts délicieux. Quelques seigneurs y assistaient, un triolet de velours à la garde de leur épée. Jasmin put se glisser un jour et apercevoir Mme de Pompadour dans le rôle de Vénus. Elle avait le corps, les basques et une grande queue d’étoffe bleue, mosaïqués d’argent et elle brillait aux lueurs d’un soleil éclairé de mille bougies. Elle commandait, d’un sourire étoilé de mouches subtiles où Buguet retrouva l’étincelante séduction qui l’avait charmé dans