Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/230

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la forêt de Sénart. Autour de la Marquise, les danseuses — des enfants de dix à quatorze ans — travesties en Plaisirs, portaient des jupes de taffetas blanc tamponnées de gaze d’Italie et parées de fleurs artificielles ; elles firent songer Buguet aux vingt-huit figurines de Saxe que possédait la favorite et qui représentaient des amours déguisés.

Lorsque Mme de Pompadour chantait, Buguet s’approchait du théâtre. Celui-ci résonnait de l’harmonie du clavecin, des violons, des violoncelles, des bassons, des violes, des flûtes et des hautbois. La voix de la Marquise s’élevait au milieu de ces phrases caressantes. Elle montait vers les étoiles. La voix était souple et chaude comme une fleur au soleil. Aux moments passionnés elle faisait frémir Jasmin. Le parfum des plantes qui dormaient autour de lui dans l’ombre achevaient de l’étourdir et il lui semblait qu’il n’était plus du monde.

Martine, qui assistait depuis Étioles aux études vocales de sa maîtresse, l’imitait à ravir.

Et une nuit d’été que toute la maison était couchée, elle osa mener Jasmin dans la grotte que la Marquise venait de quitter.

Assise sur les coussins au milieu desquels la favorite, s’accompagnant sur la mandoline, avait détaillé pour le Roi des airs de Rameau, Martine, dans l’obscurité voluptueuse, chanta pour Jasmin comme Mme de Pompadour.