Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/232

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jetait à l’eau. Il était pâle sous la nappe fluide, mais dès qu’il en sortait il avait l’air d’un Adonis éclairé par l’aurore.

Souvent pour amuser l’enfant, quelque domestique donnait l’élan à un jet qui débouchait du tuyau avec des bruits de pétard. Valère y sautait, s’éclaboussait, s’enivrait de fraîcheur, se faisait fouetter, une main protectrice au bas ventre.

Il aimait aussi s’ébattre dans une fontaine ombragée de vignes vierges, au fond d’un cabinet de treillage. Là jaillissaient des bouillons de six pieds de chaque côté d’un petit gradin dont l’onde formait en retombant une nappe circulaire. Aux flancs du gradin montaient des chandeliers d’eau avec trois masques cracheurs à leur gaîne. Tout cela formait un refuge humide, plein de murmures et de sanglots, où la lumière coulait avec des douceurs fuyantes sur le marbre et lui donnait un peu de la lueur dorée des vignes vierges. Valère présentait les épaules, le ventre, les tétons aux cierges hydrauliques ; ils le baisaient, le caressaient, se brisaient sur sa peau vierge en gouttes étincelantes.

Ravi par ces blandices, Valère passait la main sur la nappe d’eau pour la flatter, essayait de rendre leurs cajoleries aux claires chandelles, les entourait de ses bras, les frôlait de son haleine.

Une fois qu’il s’essayait à ce jeu il entendit un bruit et s’étant retourné il vit Agathon Piedfin embusqué