Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/253

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— Ici on l’appelle la coquine au Roi. Sa mère est morte de la vérole et voici l’épitaphe qu’on fit à cette maquerelle :

Ci-gît qui, sortant d’un fumier
Pour faire une fortune entière,
Vendit son honneur au fermier
Et sa fille au propriétaire.

Jasmin souffrait.

— Des contes, dit-il. Il y a des gens méchants.

Mais l’aubergiste insistait :

— Vous verrez, Buguet, le peuple se révoltera. La Marquise dilapide les fonds du pays à des futilités. Elle fait tournevirer de jolies filles par d’ignobles valets pour les fournir au Roi dans une petite maison bâtie sur l’ancien Parc aux Cerfs de Versailles. Elle compromet de toutes façons le Bien-Aimé, qui n’ose plus venir à Paris et donne ses fêtes à Versailles, à Bellevue, à Crécy, à Fontainebleau ! Eh ! Cela finira mal ! Vous vivez au milieu des grandeurs, vous, mais dans ces affaires-là c’est l’opinion des poissardes, des charbonniers, des blanchisseuses, qui importe ! Ah ! Buguet, vous verrez un jour tout ce qui sortira des halles, des ateliers, des greniers et des caves pour s’en prendre aux rois et à leur sacrée bande ! J’ai senti ça, moi, aux émeutes de mai. Et depuis lors cela bout toujours, dans le fond de la grande marmite !