Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/257

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humide et le marronnier qui avait grandi, mal taillé, et s’emportait à la cime.

La mère Buguet apparut à la porte. D’une main elle s’appuyait sur un bâton, de l’autre elle se tenait au chambranle. De loin on lui voyait le front assombri, les orbites embrumées de tristesse, les joues pâles, d’une pâleur un peu verte, le dos voûté. Jasmin s’élança, franchit le jardinet, enfonçant dans la pourriture des feuilles mortes. La vieille pour lui tendre les bras s’accota au mur. Elle pleurait.

— Ne pleurez pas ! Ne pleurez pas ! supplia Jasmin. C’est pour toujours que nous revenons.

— Laisse, laisse, petit, ça fait du bien.

Une quinte de toux secoua la vieille. Quand elle fut calmée, elle s’assit, s’informa : étaient-ils contents ? Pour elle il ne fallait pas abandonner leur place. Et tous ces beaux jardins que Jasmin avait faits là-bas ? Ce devait être magnifique ! Par contraste le sien allait bien le dégoûter ! Tant qu’elle avait eu la force, elle l’avait entretenu, mais depuis deux ans, oui ! c’était juste au départ de Tiennette que ça l’avait prise, comme une grande fatigue, l’ennui de vivre.

— Dame, ça se comprend, cette petite, elle me parlait de vous, elle ne voyait rien de mieux au monde et là-dessus on s’entendait. À force d’envier un bonheur pareil au vôtre, elle m’y faisait croire. Et maintenant, plus je vous regarde, plus je doute que