Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/261

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— Après tous vos bavardages, un seau d’eau vaudra mieux pour vous rincer la langue !

Le soir même l’état de la mère Buguet empira.

Martine, qui toute la journée avait nettoyé le logis, sommeillait, la tête entre ses bras étendus sur la table. Au chevet de la malade Jasmin veillait.

Atterré, le jardinier voyait la fièvre empourprer le visage aux pommettes saillantes de la Buguet, brûler ses pauvres mains dont les veines se gonflaient de sang noir. Ses mains, à lui, étaient froides, un peu tremblantes : doucement, il les posa sur le front de sa mère. Elle sourit vaguement sous cette fraîche caresse. Jasmin la renouvela souvent et chaque fois il fut payé d’un regard tendre, en même temps que la vieille murmurait, comme sortant d’un cauchemar :

— Ah ! c’est toi ! Que je suis heureuse ! Je vais dormir encore un peu, tu ne vas pas me quitter ?

La nuit se passa ainsi. Martine, avec des simples ramassées en leur saison, fabriquait des tisanes qu’elle sucrait de miel, pour apaiser les quintes de toux devenues plus fréquentes.

À l’aube Jasmin courut à Melun chercher un médecin. Il faisait grand jour lorsque la berline du vieux praticien traversa le village. Elle s’arrêta devant la maison Buguet. Ce fut Laïde Monneau qui ouvrit la porte.