Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une chose l’inquiète davantage : le Roi ! Malgré l’air d’ennui que se donne le souverain, un prestige l’entoure aux yeux du jouvenceau. Car on a dit à Jasmin qu’il faut savoir mourir pour lui, que c’est le chef qui dirige les batailles et remporte les victoires. Le fleuriste ne peut s’imaginer Louis XV qu’à travers cette illustration. Pourtant il souhaiterait son maître plus impérieux, d’une allure virile et gaie. Il regrette que le Roi de France ait ce pli d’amertume qui se creuse par instant aux commissures de ses lèvres et ce regard qui se pose avec mépris. Il se rappelle une gravure où Louis XV a le front libre, l’œil franc, le teint fleuri, l’air à la fois doux et conquérant, et où il fait penser en même temps au pigeon ramier et à l’aigle. Jasmin s’assure que c’est ainsi que le Roi doit être et dans le personnage distrait et fatigué il revoit le prince magnanime de la gravure.

Pendant que Buguet se livrait à ces réflexions, sur la route, du côté de Montgeron, apparut au soleil un attelage éclatant qui jeta des reflets aux ornières et brilla comme un astre inattendu. Plusieurs seigneurs sursautèrent, se firent une visière de la main pour mieux voir.

L’apparition se dessina. Les courtisans distinguèrent une femme en rose dans un phaëton d’azur attelé