Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/28

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de deux chevaux blancs. Elle conduisait elle-même. Derrière, un négrillon tenait ouvert un grand parasol.

À l’approche de la halte, la dame ralentit l’allure de ses chevaux, afin de recueillir les regards de la cour étonnée, où frémit un murmure.

Ses larges paniers emplissaient la voiture de falbalas. Sa main gauche laissait flotter les rênes ; la droite agitait un grand éventail.

Elle portait un chapeau à la bergère sur ses cheveux poudrés et avait trois mouches si subtilement posées qu’elles brillaient comme des étincelles sur le teint pâle que relevait un rien de fard. La robe échancrée à la gorge montrait la naissance des seins. Tout provoquait dans la belle cochère : la fierté sur son front, la luxure aux fossettes de ses joues et aux coins de ses lèvres. La transparence de ses dentelles carnait d’un diabolique éclat jusqu’à ses perles, tandis que ses yeux armés cherchaient une victime. Son bras avait l’élégance d’un col de cygne, et sa toilette semblait avoir été trempée dans le sang enflammé des roses de Bengale.

La dame traversa les groupes des chevau-légers, des grenadiers, des valets ; elle excitait la curiosité de tous ces hommes.

Elle passa devant le roi, s’inclina.