Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/270

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Martine exigea des détails. Jasmin ne put s’empêcher de tout lui raconter, rougissant encore de l’affront.

La paysanne eut une révolte.

— Les nobles, s’exclama-t-elle, les nobles, des égoïstes, des sans-cœur, ils nous piétineraient sans vergogne. Nous ne sommes rien pour eux. Ah ! qui sait, on se vengera !

Ces mots rappelèrent à Jasmin les murmures de la populace qui avaient monté un jour jusqu’à Bellevue.

— Le peuple a aussi ses méchants, dit-il.

Quelque temps après, Buguet se dirigea vers le château de Courances, espérant y trouver l’emploi d’aide jardinier. Il traversa la Seine, grimpa par Vosves, Perthe, Cély. C’était un froid matin où la rosée semblait de lait sous le ciel bleu. L’hiver pluvieux avait empêché de travailler la terre et avancé la pousse des bourgeons. Toutes les fleurs vivaces perçaient déjà les plates-bandes.

Le concierge de Courances ne reconnut pas Jasmin, tant il avait changé. Buguet dut se nommer. L’homme eut un mouvement de plaisir à revoir une ancienne connaissance. Mais son sourire s’effaça bientôt :

— Tu sais, camarade, les gens de la marquise de Pompadour sont vus ici d’un mauvais œil. J’ai le regret de ne pouvoir te garder plus longtemps.