Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/277

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Il sentait qu’un danger planait sur Jasmin et il veillait.

Vers la fin d’avril 1764, un matin, Laïde Monneau et Nicole Sansonnet passèrent devant la maison de Buguet. Il faisait un joli temps printanier. Les alouettes planaient au-dessus des champs et la Seine était bleue. Les deux paysannes paraissaient solennelles comme le jour de Pâques.

— Elle a crevé, dit Laïde à Jasmin.

— Qui ?

— La coquine au Roi.

Le jardinier pâlit.

— Oui, dit Nicole, le 15 de ce mois, dans les petits appartements, à Versailles. On ne parle que de cela au marché de Melun. Elle est enterrée, à ce qu’on m’a dit, au couvent des Capucins. La v’là à son tour dans une boîte, celle qui mit tant de monde au cachot !

— On ne dit pas de quoi elle est morte, reprit Laïde. Des femmes comme celle-là on ne sait pas de quoi ça meurt.

— Allez-vous-en ! hurla Buguet.

Il avait l’air si étrange que les deux bavardes obéirent. Alors le jardinier s’affala sur un escabeau.

Toute la douleur retenue au fond de son cœur depuis