Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/278

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des années sauta à sa gorge, creva en sanglots.

Maintenant, c’est bien fini ! Toujours Jasmin a espéré. Chaque matin il attendait un billet de Mme de Pompadour. Souvent il avait cru tenir le papier de petit format, doré sur tranche, avec le cachet aux trois tours qui le rappelait… Mais, c’est fini ! Les crachements de sang ont tué la Marquise. Buguet la voit pâle, très pâle, plus pâle qu’elle n’était les lendemains de fête, quand elle buvait du lait d’ânesse.

Elle est morte ! Cela pèse sur Jasmin. Il a le vertige du passé. Une angoisse l’étreint. Il étouffe, ouvre la porte et les fenêtres à l’air qui entre chargé des arômes du printemps.

— Les fleurs ! murmure Buguet. Elle les aimait !

Il sort, la poitrine gonflée, et machinalement cueille sur les petits théâtres des anémones, des primevères, des auricules. Il cueille sans plus penser, sentant le soleil sur son dos, sur ses tempes qui grisonnent. Il cueille d’une main tremblante et verse des larmes dans les calices.

Martine arrive :

— Tu me fais un bouquet ?

Le jardinier, serrant les tiges, cache son visage ruisselant.

— Tu sanglotes, Jasmin ?