Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/287

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Jasmin hocha la tête :

— Cette fuite ne présage rien de bon.

Ses pressentiments ne le trompèrent pas. On sut que Louis XVI avait fui aussi et que, ressaisi du côté de Varennes, il était sous la garde de la nation.

Pierre Règneauciel, en revenant de Melun, cria plusieurs fois :

— Vive la République !

Beaucoup de paysans ne comprirent pas ce mot. Pierre expliqua que c’était la suppression des rois.

Ses auditeurs frémirent.

— Au moins aurons-nous le pain quotidien ?

— On pillerait !

Puis des bruits de guerre circulèrent. Toute l’Europe, excitée par les émigrés, s’apprêtait à envahir la France. Règneauciel raconta qu’il avait vu des poteaux rouges sur lesquels il était inscrit : « Citoyens, la patrie est en danger. » Il parla de s’engager dans les armées qui allaient se battre à la frontière. Sa pique de garde national ne le quittait plus.

Jasmin entrevit des choses épouvantables. Les châteaux flambaient dans ses rêves. On massacrait les habitants. Il se réveillait hagard, et murmurait :

— Dieu ! qu’il ne lui arrive point de mal !

La vieille Martine savait pour qui son mari craignait. Elle n’osait lui rappeler que la marquise de Pompadour était morte depuis longtemps. Mais quand