Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/290

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et rond sous la poudre blanche, le Roi à la démarche élégante et ennuyée qu’il avait vu à Bellevue. C’est à ce cou cravaté de dentelles qu’il imagina la raie de la guillotine et, longtemps, son front chauve dans ses mains gourdes, il hoqueta :

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Les mois suivants des bruits de guerre et d’échafaud continuèrent à arriver aux oreilles de Jasmin. Les prêtres du pays étaient partis. On raconta que des « Jacobins » avaient fait périr la Reine. Des « brûlements » eurent lieu à Corbeil et à Melun, où l’on faisait flamber tout ce qui rappelait la « tyrannie » et la « superstition » : armoiries, titres, reliques, livres, drapeaux. Règneauciel racontait qu’on accomplissait ces cérémonies au son de la musique et il ne manquait point d’aller acclamer.

— Tu ferais mieux de brûler de la poudre contre les Autrichiens, lui dit Martine.

— Je me fous de toi ! répliqua le sans-culotte.

Des bandes passaient dans les bourgs pillant les églises. L’une d’elles apparut un matin à Boissise. Ces hommes étaient plus de cent et venaient on ne savait d’où. Déguenillés, ils avaient l’air de sortir d’une prison. Des femmes échevelées portaient des bonnets rouges. Tous avaient des piques, des fusils, des sabres. Les villageois se réfugièrent dans les bois de La Mée. Règneauciel se joignit à la bande et la conduisit à l’église.