Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/31

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Le négrillon s’agite comme un singe en délire.

— Elle est morte ! hurle Jasmin.

Il court vers une source qu’il a rencontrée sous bois et revient avec son chapeau qui ruisselle. Il y trempe le bout des doigts, et, comme il le ferait pour ses amaryllis pâmés, secoue quelques gouttes d’eau sur le visage blêmissant où la bouche fardée paraît une blessure.

La dame ouvre les yeux : Jasmin croit renaître lui-même à la vie. Elle murmure :

— Où suis-je ? … Que faites-vous là ?

Jasmin est à genoux. Le négrillon rajuste une dentelle. Mme d’Étioles, pâle, fronce le sourcil, sa bouche se crispe avec douleur. Elle dit, perdue au fond d’un rêve :

— Je me souviens.

Ses petites mains empoignent l’herbe à côté d’elle :

— Et je me souviendrai.

Puis elle s’adresse au négrillon :

— Mon miroir !

Elle y jette un regard :

— Quel désarroi !

Elle tapote ses boucles, caresse ses sourcils et, se parlant elle-même, avec un sourire de mépris :

— Dieu, que j’ai été femme !

Jasmin n’a cessé de contempler les yeux de Mme d’Étioles : ils lui paraissent tantôt noirs, tantôt