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Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/42

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cambrés. Mais ce qui charmait le plus en elle, c’était, sous ses cheveux châtains, ses yeux de couleur indécise, comme ceux des chats. Il semblait qu’elle pût les aviver des tons et des lueurs qu’elle voulait. Martine avait le nez court, retroussé juste assez pour indiquer un peu d’impertinence qu’adoucissait le sourire des lèvres. Ce matin, elle semblait apporter une lueur de l’aurore dans les fossettes de ses joues. Elle dit d’une voix cristalline :

— Allons, Jasmin, conduis-moi aux vendanges !

Buguet fit un brin de toilette, mit ses souliers ferrés pour patauger dans la terre des vignes :

— Me voilà prêt !

Les deux jeunes gens furent bientôt au bord de la Seine.

— Alors, M. Jasmin a assisté à la chasse royale ? demanda Martine.

— Oui !

— On l’a fort remarqué. Et c’est pour le remercier de ses fleurs que Mme d’Étioles m’envoya hier chez ma marraine Laïde Monneau, où j’ai passé la nuit.

— Ce n’est point vrai !

— Je te l’assure. Elle s’est souvenue de ton nom. Elle m’a tout raconté et elle est bien heureuse, car à la suite de l’accident le Roi lui a envoyé dix faisans dorés, ce qui est gibier rare.