Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/49

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Elle est saisie et dorée par le grand air comme les pains qu’elle tend l’ont été par le four.

Trois vignerons, deux filles, Tiennette s’avancent pour recevoir leur part. Eustache se roule sur l’herbe en riant et lève ses pieds et ses mollets rougis par le foulage. Chaque flacon que Buguet débouche fait sonner, ainsi qu’un pistolet qu’on décharge, le creux de son goulot. Le bruit attire Euphémin Gourbillon. Il a déjà trinqué avec maint vendangeur et sa figure s’allume, barbouillée du tabac qui tache son casaquin en ratine noire. L’oncle Gillot l’invite et il s’installe.

Le premier coup de dents se donne avec appétit.

— Les grives sentent le verjus, dit Gillot.

— Elles en ont au cul avant que les autres en aient au bec !

Tiennette interpelle Gourbillon :

— Comme vous buvez, sacristain ! On voit que vous n’êtes pas chez vous !

— Effrontée ! Quand le marquis d’Orangis t’offre de la citronnelle, tu t’en fourres plein le gosier.

Tiennette éclate de rire.

— Le marquis d’Orangis ! Ah ! non ! Je n’aime point ses drogues !

La garcette prend un air malicieux :

— Je suis trop paysanne, avec mes sabots ! M. d’Orangis aime les pieds bien chaussés ! Il m’a promis