Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/50

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une paire de souliers en me disant qu’il mettrait lui-même les bas.

— Ta fortune commencerait par le pied !

— En faisant son chemin elle monterait vite plus haut !

— Au carrefour où tout passe ! conclut Gourbillon.

— Sale ! cria Tiennette.

Cependant Martine regardait Jasmin. Le soleil taquinait les cheveux bruns du gars et sa peau aussi appétissante que celle d’un brugnon. Il se carrait, en manches de chemise ; son gilet à fleurettes laissait l’aise son cou et ses épaules : la camériste suivait à la dérobée le jeu des muscles sous le linge éclatant de lumière. Puis elle épia le visage de l’amoureux : la bouche rose, sans pli méchant aux commissures des lèvres, les yeux d’un gris d’acier qui se pailletaient de bleu. Quand Jasmin se retournait, Martine trouvait son profil aussi élégant que celui des marquis : un nez fier, aux narines mobiles, un menton ni carré, ni gras, qui rappelait un peu celui des femmes et se trouait d’une fossette. Le jardinier était distrait.

— Tu n’es point gai, mon fieu, lui dit Gillot, pour un jour de vendange. À ton âge, j’embrassais toutes les jeunesses.

— J’en ai bien envie, mais j’ai peur des rebuffades.

Jasmin était descendu au repas des Gillot comme d’