Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/53

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Tiennette, le jardinier avait quitté ses amis. Mais sa promise eut beau le chercher sous les grands noyers dont l’ombre noire s’arrondissait par places dans l’or des vignes, parmi les filles que les caresses des lurons rendaient rougeaudes comme des écuelles de vendanges, ou dans les retraites des grottes. Rien !

— Qu’as-tu fait de ton amoureux ? demanda une voisine.

La pauvrette avait peine à retenir des sanglots. Où était donc Jasmin ? Quelle folie l’avait pris tout d’un coup ? D’habitude, il ne se mettait pas en colère pour un mot, il était doux, plutôt trop calme. Martine était inquiète. Elle grimpa dans les rocs. Elle n’y rencontra que Vincent Ligouy, un propre à rien qui gardait les vaches et jetait les sorts. Il lui fit peur avec ses yeux pâles, ses cheveux couleur de chaume qui tombaient comme des couleuvres mortes. Il rit : deux grandes dents éclairèrent sa longue figure terminée par une barbe d’étoupe. Il marchait mal d’aplomb : ses jambes de grand faucheux, toujours nues, avaient l’air de vouloir s’emmêler à chaque pas.

Martine redescendit le coteau en criant.

— Qu’as-tu ? lui demanda une paysanne.

— Il m’a soufflé le guignon !

— Qui ?

— Vincent !