Des gars huèrent Ligouy, qui était le souffre-douleur du village :
— Va-t’en, enfant de truie !
On lui jeta des pierres. Une l’atteignit au front. Le sang coula. Ligouy porta la main à sa blessure, l’essuya au haillon de chemise qui couvrait sa poitrine et partit.
— T’en voilà débarrassée, Martine !
Le son rauque d’une corne annonça la reprise de la cueillette. On entendit dans les clos des appels aigres de vieilles. Le clocher de Saint-Port tinta.
— Ah ! oui ! Ligouy souffle le guignon ! T’as bien raison, Martine, dit une fillette, qui sortait des grottes en rajustant à la hâte son fichu et en remettant son bonnet droit.
D’autres suivaient, les jupons fripés, avec leurs amoureux qui avaient l’air penaud.
Martine revint triste à la vigne des Gillot. Elle y revit Tiennette.
— Qu’est-ce qui te tourmente ? lui dit la gamine. L’amoureuse sanglota.
— Jasmin est parti !
— Il reviendra, nigaude !
— Non point !
— Mais pourquoi ?
Essuyant ses larmes, Martine raconta l’indifférence