disait pendant le repas, que Jasmin fut si ahuri en voyant Mme d’Étioles !
Les deux filles se regardèrent au fond des yeux ; la grande fronça les sourcils, son visage se voila d’une tristesse subite et elle mit la main sur son cœur : la petite à la mine fûtée avait insinué à sa compagne du soupçon, de la douleur.
Martine quitta la vigne avant la vesprée ; elle devait regagner Étioles dans la charrette de son parrain.
Dès qu’elle arriva à Boissise, elle entra chez le jardinier. Jasmin s’aperçut qu’elle avait le cœur gros :
— Tu viens me dire au revoir ? murmura-t-il.
Il prit la villageoise à la taille, l’embrassa. Puis il ferma les yeux et tressaillit : Martine avait déboutonné son corsage dans la hâte du retour, et de son linge chauffé par le soleil et par sa chair montait un parfum. Ah ! ce parfum ! Buguet en eut le vertige ! C’était celui qu’il avait senti en relevant Mme d’Étioles.
— Cela te paraît si bon ? murmura l’amoureuse.
— Ah ! oui !
La voix de Jasmin tremblait.
— Encore, dit-il.
Il appuya les lèvres sur la nuque de la soubrette qui se pâma, prête défaillir.