Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/57

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— Tu sens le paradis, murmura le jardinier.

— Oh ! Jasmin ! oh ! Jasmin !

La mère Buguet apparut.

— Martine, balbutia Jasmin, tout rouge, je vais te chercher des figues que je t’ai promises.

Le panier fut prêt en un instant. La fillette, son bonnet un peu de travers sur le front, l’emporta à son bras nu.

— Au revoir ! Au revoir ! dit-elle en montant dans la carriole de Rémy Gosset.

Déjà les vendangeurs revenaient. En avant, Gourbillon avait peine à se tenir.

Les autres suivaient, rompus, mais joyeux. Les vendangeurs, selon la coutume, avaient écrasé des grappes noires sur la figure des vendangeuses.

Des filles crièrent :

— Bon voyage, Martine !

Les garçons reprirent :

— Tu n’emmènes donc pas Buguet ? Affûte-toi pour nous faire aller à la noce !

Martine était ravie. Elle partait, cahotée au trot de la bique à Gosset. Le parrain, ayant vidé beaucoup de chopines, essuyait de temps en temps ses paupières lourdes.

La fillette songeait aux baisers de Jasmin. Elle les sentait encore, dans sa nuque. Ils lui donnaient des frissons qui se renouvelaient. C’était comme des brûlures légères.