Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/58

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— Il m’aime, se dit-elle.

Elle sourit :

— Tiennette a beau dire !

Comme le soir tombait, un doute se réveilla pourtant au cœur de Martine :

— Tu sens le paradis, avait dit Jasmin.

Était-ce sa peau, ses cheveux, une odeur émanant d’elle qui avait ému son promis au point qu’il se crût au ciel ? À la dérobée, la soubrette se pencha vers l’ouverture de son fichu. Grand Dieu ! Ce parfum, c’était celui de sa maîtresse, le même qu’à Sénart ! Avant de partir, Martine en avait secoué la dernière goutte entre ses seins !

Elle pâlit.

— Ce n’est pas moi qu’il a embrassée, se dit-elle.

La fillette arriva pleine de mélancolie à Étioles. Il était plus de dix heures. Un valet à demi vêtu, traînant ses chausses par les allées, vint ouvrir.

— Eh bien, dit-il, c’est ton parrain qui te ramène ! Où est-il resté, ton cousin de vendanges ?

Dans sa chambrette, Martine se sentit toute abandonnée. Le valet disait juste ! Elle n’avait plus d’amoureux ! Pourtant Jasmin l’aimait depuis si longtemps ! Ne lui avait-il pas donné, dès qu’elle les désirait, ses choses les plus précieuses, une fois sa tourterelle, puis un morceau de corail en forme de dent, et toujours une part de ses gâteaux ? Quand