Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/60

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aller retrouver le promis au village, revivre auprès de lui.

— Je veux être sa femme, affirma Martine. Et je le serai bientôt, car, Boissise, je le forcerai bien à s’occuper de moi.

Elle battit le briquet, alluma une chandelle, prit une feuille de papier et commença une lettre à sa marraine, la tante Laïde Monneau :

Ma chère Marraine,

Un petit chez soi vaut mieux qu’un grand chez les autres. C’est ce que me disait hier la mère de Jasmin en me quittant. Comme je ne pouvais m’endormir cette nuit, j’ai pesé ses paroles : elles valent un bon conseil. Je le suivrai. Aussi bien je n’ai plus rien à apprendre ici. Je sais coudre, repasser, faire le ménage et soigner la toilette d’une grande dame. C’en est assez pour être la femme d’un jardinier. Si j’attendais encore j’en saurais trop. Comme tant d’autres je deviendrais ambitieuse et le bonheur que nous souhaitons, mon promis et moi, nous ferait pitié. Dès demain, si j’en trouve l’occasion, je préviendrai ma maîtresse. Elle est bonne, je lui dirai que je me fais vieille loin de mon galant, qu’il me tarde de me marier, que pour cela je ne me sens pas le courage d’attendre la fin de mon engagement qui tombe à la louée de la Saint-Jean l’an prochain. Si ma maîtresse a sous la main une chambrière pour me remplacer, c’est chose faite. Attendez-vous à me voir arriver un de ces matins. Comme vous ne voulez que mon bonheur, ma chère marraine, j’espère que vous ne contrarierez pas mes projets et que votre maison sera la mienne tant que