Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/62

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— Il te l’a dit ?

— Lui-même l’ignore peut-être, mais moi je n’en doute point.

— Pauvre fille ! Si tu l’aimes tant il faut l’éloigner de ta rivale. Qu’il entre ici comme jardinier ! Tu le garderas à vue et tes attraits sont assez visibles pour le distraire. Et puis nous lui taillerons de la besogne. Compte sur moi. Allons, cesse de te rougir les yeux. Tu sais que je n’aime pas les visages chagrins autour de ma personne.

Martine se tut. Mais toute la journée elle songea à la bonté de Mme d’Étioles. Elle s’avoua qu’elle avait été injuste la veille à son égard. En somme, que pouvait la grande dame si Jasmin s’éprenait ainsi d’elle ! Allait-on lui reprocher de dégager ce charme captivant qui séduisit jusqu’à Martine, car Martine serait triste si elle devait quitter sa maîtresse !

— On est si bien chez elle ! Tout est plein de grâce. Les paroles sont douces. On entend de la musique tous les jours.

Martine regretta presque d’avoir écrit. Mais la lettre était déjà chez Laïde Monneau. Celle-ci arriva à Étioles le lendemain. Elle fit appeler Martine sur la route, après avoir comblé de grandes révérences le valet qui vint à la grille. Laïde avait une de ces figures cireuses et ridées de paysannes où l’âge ne marque plus. Son regard était dur.