Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/63

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— Sais-tu bien, dit-elle à Martine, qu’en lisant ton mot d’écrit j’ai cru que tu devenais folle ? De mon temps il n’y avait que les filles prêtes à être colombes dans le pigeonnier d’une sage-femme pour être si pressées d’entrer en ménage ! Aussi comme je te sais honnête et que pour la mémoire de ta sainte mère qui t’a confiée à mes soins je ne veux pas que tu donnes à jaser, j’ai pris sous mon bonnet de venir te trouver pour t’empêcher de faire un coup de tête dont tu te mordrais les ongles.

— Allons, allons, ma marraine, reprenez votre vent et dites-moi l’avis de Jasmin.

— Ah ! ça, t’imagines-tu que je lui ai montré ta lettre à ce garçon ? Ah bien ! Ce n’aurait pas été long ! Il aurait planté là sa bêche et son râteau pour venir te chercher. Un amoureux, ma fille, c’est un amoureux — tout ce que tu dis est bien dit, tout ce que tu fais est bien fait. Il ne voit que par tes yeux : à toi de ne point faire de bévue ! Mais moi je ne me prête pas à tes turlutaines en te recevant dans ma maison qui te paraîtrait un taudis maintenant que tu as des habitudes de luxe.

— J’avais tant envie de rentrer au pays, et de me marier, murmura Martine.

— Ta ! Ta ! Ta ! Je fus ravaudeuse à Paris. Eh bien, si de but en blanc j’avais quitté mon tonneau pour demander à ma mère de me marier un mois après, elle m’aurait rabattu les coutures de façon