Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/70

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Les nobles ne nous pressurent point. Notre coin est béni, ma mère, et nous en devons de la reconnaissance à Dieu et au roi ! Sais-tu qu’il y a dans la Bourgogne des vignerons réduits à demander l’aumône ? Les gens de Limousin et d’Auvergne, à ce que m’a dit un ramona, vont servir de manœuvres en Espagne pour rapporter un peu d’argent à leur famille ! Certains riverains de la Marne (j’en connais) n’ont pas trois sols par jour et couchent sur de la paille.

— Que Dieu les aide ! soupira la Buguet.

— Oui, conclut Jasmin, nous sommes, nous, du peuple gras, comme les ouvriers du premier ordre, ainsi qu’on appelle à Paris les orfèvres et autres fins artisans !

— Gras ! s’écria la Buguet d’un air ironique.

— Certes ! Le menu peuple se nourrit souvent de pain trempé, d’eau salée et ne mange de chair que le mardi gras, le jour de Pâques, à la fête patronale et lorsqu’on va au pressoir pour le maître !

Le souper fut maussade.

Sa purée de pois ingurgitée, Jasmin posa la chandelle sur la cheminée, attisa le feu et alla prendre dans le vieux bahut deux gros livres. Ils étaient reliés en cuir avec une tranche rouge. Ces bouquins, intitulés : Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, par feu M. de La Quintinye, directeur de