Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XV, et monseigneur le duc d’Orléans défunt. Il feuilleta quelques gravures éditées par le sieur Mariette et qui se trouvaient dans le bahut. Elles représentaient, pour les jardins de plaisance et de propreté, des parterres de broderie et des parterres de compartiment où le dessin, se répète par symétrie. Jasmin jeta un coup d’œil aux rinceaux, aux fleurons, aux palmettes, aux coquilles de gazon, vit les caprices enroulants du buis, les fonds de sable blanc et rouge, ceux de machefer. Et il se demanda s’il aurait le bonheur de tracer, piquer et soigner d’aussi resplendissants tapis.

Il soupira et avant de se mettre au lit alla contempler la voûte étoilée. Il aimait le ciel. Les grandes clartés de l’univers lui paraissaient veiller sur les plantes endormies et garder pendant l’hiver l’âme des fleurs absentes. Cette fois l’immense désert peuplé d’astres lui sembla en fête. Une robe rose balayait la voie lactée.

— Encore elle ! J’ai beau travailler dur, je la retrouve partout !

Il rentra, s’assit et se dit qu’il avait bien de la peine. S’il lisait des livres de jardinage, Mme d’Étioles se glissait près des buis et des parterres et il se voyait à ses pieds, une rose à la main. Il rêvait d’elle pendant son sommeil, la rencontrait le long des palissades de jardins, avec sa robe soyeuse, ses mouches, son éventail, devant un rideau de verdure que