Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/92

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les antichambres, la jeune villageoise retira sa mante en prenant soin de ne pas chiffonner son bonnet blanc.

— Tiens, des roses de Noël !

Elle prit une des fleurs du bouquet, tint du bout des doigts la tige charnue, et avec de petites mines entendues admira les pétales nacrés et livides. Puis redevenant rustaude elle mit la fleur dans sa bouche.

— Prends garde ! cria Jasmin, c’est du poison !

— Mais non, ça guérit de la folie !

— Te voilà bien savante !

— Mme d’Étioles ordonna une infusion d’ellébore au duc de Gontaut qui s’était déclaré fou d’amour pour elle et qui ne la quitte jamais !

La soubrette ajouta :

— Dame ! Je n’ai pas plus mes oreilles dans ma poche que ma maîtresse n’a les yeux dans la sienne !

Tiennette posait sur la table le veau qui nageait en une sauce brune. On s’assit.

Martine parla des élégances de sa châtelaine.

Mme d’Étioles était raffinée en tout : elle possédait des pots à fard avec des roses et des violettes peintes parmi des ornements d’or et une fontaine à parfums qui représentait un grand œuf ayant à son sommet une petite tulipe.