Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/93

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— Tu puises à cette fontaine ? dit la Buguet moqueuse.

— Elle a un petit robinet d’argent.

Martine s’exprimait avec de gracieuses inflexions de voix qui charmaient Jasmin.

— Et Mme d’Étioles se met beaucoup de rouge ? demanda Tiennette.

— Beaucoup. Elle n’a plus la fraîcheur d’une jeune fille. Elle a eu deux enfants.

Puis la soubrette parla du linge de sa maîtresse. Les lingères se crevaient les yeux en ourlant à jour les jupons, les brodeuses ne trouvaient plus d’aiguilles assez fines pour festonner les fichus de mousseline. Mme d’Étioles portait des chemises qui passaient aisément dans la bague de l’abbé de Bernis.

— Un abbé se prêterait à ces amusettes ?

— Il paraît.

— Mais, dit malignement Tiennette, des chemises pareilles ça ne doit pas lui cacher l’honneur ?

— Ça le lui voile seulement.

— Assez là-dessus, mes enfants, interrompit la Buguet. M’est avis que quand on ne cache plus rien, c’est qu’on n’a plus rien à perdre. Entre nous je ne donnerais pas lourd de sa vertu, à ta belle maîtresse !

— Ma mère, supplia Jasmin.

— Le Roi ne pense pas ainsi, s’écria Martine, et je