essentiels : des conditions politiques générales donnant, au dehors et à l’intérieur, la certitude de la stabilité d’un régime et de la situation intérieure du pays ; des conditions stratégiques déterminant le degré de la sécurité nationale ; des conditions économiques telles que le rendement de la production, la corrélation entre la production et la consommation, les conditions du travail, des transports, etc. Le pouvoir, le front, la campagne, l’usine, les transports, n’offraient pas les garanties indispensables ; c’est pourquoi, en attendant que soit rétabli dans le pays un ordre relatif, le Ministère des Finances ne pouvait avoir recours qu’à des palliatifs afin de retarder l’effondrement de tout le système monétaire et de l’équilibre budgétaire ébranlé jusqu’aux fondements.
On considère comme le défaut principal de notre budget d’avant guerre ce fait qu’il était basé sur les revenus du monopole de l’eau-de-vie (800 millions de roubles) tandis que l’imposition directe existait à peine. Avant la guerre, le budget de la Russie atteignait 3, 5 milliards de roubles ; la dette de l’État, près de 8, 5 milliards ; les intérêts seuls que nous payions constituaient près de 400 millions ; presque la moitié de cette somme revenait à l’étranger absorbant une partie de notre exportation, dont le chiffre global était d’un milliard et demi.
La guerre et l’interdiction de la vente des spiritueux — interdiction survenue au début de la guerre — rompirent complètement l’équilibre de notre budget. Les dépenses de l’État, au cours de la guerre, se présentent comme suit :
La deuxième moitié de 1914 : 5 Milliards de roubles 1915 : 12 1916 : 18 Les 7 mois de 1917 : 18
L’énorme déficit était couvert en partie par des emprunts, en partie par l’émission de billets de banque. Les crédits de guerre étaient prélevés sur ce qu’on appelait les « fonds de guerre ». Au Grand Quartier, ces fonds se trouvaient à la disposition absolue et libre de tout contrôle (au point de vue de leur utilisation rationnelle) du chef de l’état-major du Généralissime, qui déterminait leur emploi en distribuant des ordres et en approuvant les devis.
La révolution porta un dernier coup à nos finances. Comme l’a dit le Ministre des Finances Chingarev, « elle inspira à chacun le désir ardent d’étendre ses droits et atténua le sentiment du devoir. Chacun demandait l’augmentation du prix de son travail, mais personne ne songeait à payer ses impôts au Trésor, mettant ainsi nos finances dans une situation quasi catastrophique ». Ce fut un véritable déchaînement d’appétits ; sous le couvert de la démocratisation,