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existence actuelle et avec l’éducation reçue ne peut expliquer. Partant de là, nous arrivons à reconstituer ce passé, sinon dans ses détails, au moins dans ses grandes lignes. Quant aux fautes entraînant dans cette vie une expiation nécessaire, quoiqu’elles soient effacées momentanément à nos yeux, leur cause première n’en subsiste pas moins, toujours visible, c’est-à-dire nos passions et notre caractère fougueux que de nouvelles incarnations ont pour but de dompter, d’assouplir.

Ainsi donc, si nous laissons sous les péristyles de la vie les plus dangereux souvenirs, nous apportons du moins avec nous les fruits et les conséquences des travaux accomplis, c’est-à-dire une conscience, un jugement, un caractère tels que nous les avons façonnés nous-mêmes. L’innéité n’est autre chose que l’héritage intellectuel et moral que nous lèguent les vies évanouies.

Et chaque fois que s’ouvrent pour nous les portes de la mort ; lorsque, affranchie du joug matériel, notre âme s’échappe de sa