Page:Denne-Baron - La Nymphe Pyrène aux Français, 1823.djvu/9

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malheureuse pourrait compromettre ; car, malgré les bons sentimens d’une armée dévouée à ses princes, la guerre a ses chances. Si l’on admet la possibilité d’un revers (tout bon royaliste qu’on puisse être), où trouverons-nous des soldats et de l’argent ? Ce qui nous manque le moins c’est le courage, sans doute ; mais qu’est-ce que quatre-vingt mille hommes dans un pays comme l’Espagne, sans compter le Portugal, son allié par le triple accord de l’opinion, des traités et de la nature ?

Puisqu’un peintre, Rubens, fut homme d’État, un poète peut être diplomate un moment. J’oserai donc avancer qu’il eût été plus prudent d’établir un camp formidable au pied des Pyrénées, et d’attendre l’offensive. En mettant ainsi de son côté la justice, on y met la force, on repousse de la patrie un envahissement, s’il y a lieu, et l’on ne s’enfonce pas dans un pays si récemment funeste aux Français, et l’on ne renouvelle point une guerre dont les exemples, comme autant de plaies, saignent encore à nos yeux. Ainsi serait rempli ce bel adage de Machiavel : Si vis pacem para bellum  : Si vous voulez la paix, préparez la guerre. C’est ce sentiment, c’est cette opinion qui m’ont inspiré mon épigraphe : Usque hue venies, et non procedes ampliùs. Venez ici et n’allez pas plus loin, c’est-à dire, plus loin que le pied des Pyrénées.

D’un côté la nécessité de la guerre, de l’autre le