Page:Depasse - Spuller, 1883.djvu/14

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duquel il a grandi. Il y a du vrai dans ce jugement. Où M. Spuller est planté il demeure ; vous pouvez faire le tour de la terre, vous le retrouverez à la même place. S’il se met à creuser son sillon, il passera et repassera sur la même trace, sans connaître l’ennui ni la peine, toujours creusant plus à fond, suant et piochant, assez rafraîchi par la pensée riante de la moisson qui va germer.

Que de sillons égaux et droits ! quelle innombrable quantité de lignes il a tracées dans les journaux de ce temps ! C’est que notre plume est aussi une charrue à sa manière, ni moins lourde ni moins féconde que l’autre parfois. Quand la moisson s’appelle la République, le droit, la liberté, c’est aussi une belle moisson. Dans ce champ-là, depuis vingt ans, M. Spuller a été un des grands laboureurs et un des grands semeurs.

Apres avoir terminé ses études classiques au lycée de Dijon, c’est encore dans cette ville qu’il fit son droit, et il n’avait pas bien loin de trente ans quand il vint prendre sa place au barreau de Paris, en 1862. Sa jeunesse laborieuse et sévère était arrivée presque à la maturité quand il parut pour la première fois dans la capitale