Page:Depasse - Spuller, 1883.djvu/9

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nuage d’une si longue durée dans un temps si orageux, à travers tant de révolutions, parmi tant de ruptures violentes entre les hommes et les partis, est un des problèmes non seulement de l’histoire politique, mais de l’histoire morale de nos jours. Il serait difficile de dire si elle a fait plus d’honneur à M. Gambetta ou à M. Spuller, et si le second, à ne regarder que le train ordinaire des ambitions de ce monde, et suivant le sens banal des mots, y a plus gagné ou plus perdu. Le gain pour M. Spuller, et dont il est seul à connaître le prix véritable, fut la possession et la culture de cette amitié qu’il n’eût sacrifiée à aucune autre jouissance, où il s’est plu à mettre le charme et l’honneur de sa vie ; la perte, pour celui qui regarde les choses du dehors, c’est la difficulté extrême où s’est trouvé désormais M. Spuller d’avoir des qualités politiques qu’on voulût bien lui reconnaître en propre et de faire, comme on dit, sa fortune, d’arriver aux situations officielles que lui promettaient ses talents.

Un peu plus éloigné de M. Gambetta, il y a longtemps que M. Spuller eût été ministre. Tout l’y portait, la fermeté comme la modération de son caractère, le sérieux de sa vie,