Page:Depre - Jacques le bûcheron, 1873.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils étaient là, tout près! — Lui, debout, chancelant,
Essuyait la sueur de son front ruisselant,
Et sa main, près de lui contractée et crispée,
Cherchait à sa ceinture un poignard, une épée,
Une arme enfin. —
Les pas cessèrent brusquement :
Et la malade, en rêve, eut un gémissement.
Il bondit vers la porte et l'ouvrit sans mot dire :
Et son visage avait la pâleur de la cire,
Plus blanche encor, dessous ses longs et noirs cheveux,
Et son corps s'agitait de mouvements nerveux.
La troupe devant lui croisa la baïonnette.
Il recula d'un pas, et, détournant la tête,
L'oeil calme, le front haut, le maintien imposant,
Leur montra de la main le corps agonisant.


C'étaient dix Allemands à la haute stature,
Commandés par un chef, dont l'expression dure
Avait le fauve aspect de la férocité.
Il lançait un regard froidement hébété ;
Et, frisant fièrement les crocs de sa moustache,
Il cherchait à couvrir son cœur poltron et lâche
D'un faux air de bravoure et d'ostentation,