Page:Depre - Jacques le bûcheron, 1873.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme l’âne paré de la peau du lion.


Son regard embrassa d’un seul coup la chaumière,
Mais il dit : « Allons ! vieux, la ruse est trop grossière
« De faire le malade. Il faut nous loger tous ;
« Car nous voulons coucher ici, m’entendez-vous ?
« Place ! »
Puis il gravit les deux marches de pierre. —
Mais Jacques n’avait pas bougé. Son âme fière
S’indignait, en pensant que devant ces vainqueurs
Hélas ! il fallait voir s’abaisser tous les cœurs !
Il eut un mouvement de colère et de rage,
Et la honte un instant empourpra son visage,
Tandis qu’un flot de sang lui montait au gosier.
Pourtant il se contint, et :
« Monsieur l’officier, »
Dit-il d’une voix basse et presque suppliante,
« Ce que vous voyez là, c’est ma femme mourante !
« Il est dur d’arriver à son dernier moment…
« Vous la laisserez bien mourir tranquillement !
« Il est tant de maisons vides dans le village…
« Oh ! n’est-ce pas que vous n’aurez pas ce courage,
« Et que vous chercherez un autre logement ! »