Page:Depre - Jacques le bûcheron, 1873.djvu/8

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Le danger grandissait de moment en moment,
Comme le vent d’été grandit avant l’orage. —
Le bourg entier, la veille, avait plié bagage,
Et tous, femmes, enfants, vieillards, étaient partis,
Les plus grands désignant la route aux plus petits.

 
Lui seul était resté pour garder la malade !


Il avait bien pensé faire une barricade,
Rassembler les amis dispersés dans les bois
Et tenter la défense une suprême fois…
Mais il comprit fort bien que c’eût été folie
D’aller, sur un obscur enjeu, risquer sa vie,
Sans profit pour les siens, et sans utilité
Pour ceux dans l’intérêt desquels on a lutté. —


Puis, mourir franchement, en plein champ de bataille
Sous un drapeau chéri, troué par la mitraille,
Dont chacun voit les plis flotter au gré du vent,
Quand la poudre vous grise et vous pousse en avant,
Certes, cela vaut mieux ! — Car, du moins, c’est la guerre,
C’est la guerre en plein jour, sans ombre, sans mystère,