Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 46 —

§ 2. — Description d’un fief.


1. Châteaux. — Pendant l’invasion normande, on vit s’élever, dans tous les fiefs, des châteaux de pierre, solides forteresses, lourdes, massives et sombres, où résidait le seigneur à l’abri des attaques des Normands.

Ces châteaux, dans les pays accidentés, couronnaient habituellement les crêtes des rochers escarpés, comme on peut le voir encore de nos jours, par les ruines pittoresques des bords de l’Amblève et de l’Ourthe.

Dans les pays de plaines, les abords du manoir féodal[1] étaient défendus par un large fossé rempli d’eau. Derrière le fossé se dressaient de fortes murailles, percées d’étroites meurtrières[2], surmontées, de créneaux[3] et de mâchicoulis[4] et flanquées de grosses tours. Enfin, au centre du château, s’élevait une tour gigantesque : c’était le donjon, du haut duquel la vigie[5] faisait le guet jour et nuit, sonnant du cor à l’approche d’un étranger.

Les communications avec le dehors étaient établies par une porte basse pratiquée dans le mur : on la fermait au moyen d’une forte grille, la herse, que l’on pouvait abaisser ou relever. Un pont-levis permettait de franchir le fossé. Il y avait aussi des sorties secrètes, des souterrains, qui allaient déboucher dans les bois, à une demi-lieue, à une lieue de distance : les issues en étaient dissimulées sous des trappes recouvertes de gazon.

2. Seigneurs. — Le seigneur dans son fief était un petit roi. Il y exerçait une autorité à peu près sans limite, car, très souvent, il avait le droit de haute justice, c’est-à-dire d’envoyer ses manants au gibet.

a) Guerres privées. — L’occupation favorite du châtelain, c’était la guerre avec les seigneurs d’alentour : de

  1. Manoir (de manere, rester) : habitation, demeure.
  2. Meurtrière : ouverture étroite dans un mur pour tirer sans danger sur l’ennemi.
  3. Créneau : dentelure de pierre au sommet d’un rempart.
  4. Mâchicoulis : galerie établie à la partie supérieure des anciennes fortifications et percée d’ouvertures à travers lesquelles on laissait couler sur l’ennemi de l’huile bouillante, du plomb fondu, etc.
  5. Vigie (de vigilare, veiller) : sentinelle.