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ssés, ils allaient poursuivre dans les bois le sanglier, le cerf et le chevreuil. C’étaient alors des courses effrénées à travers les forêts et les vallées ; on sautait les fossés, on franchissait les barrières, et la poursuite échevelée se prolongeait des heures entières, jusqu’à ce que la bête traquée tombât enfin sous la dent de la meute en fureur. Alors les joyeuses fanfares du cor sonnaient le hallali[1] ; les chasseurs dispersés accouraient de toute part, et se disputaient vivement l’honneur de donner le coup de grâce a la bête vaincue.

De leur côté, les châtelaines sur leurs haquenées[2] faisaient la chasse à l’oiseau, au moyen de faucons apprivoisés.

b) Tournois. — Parfois des fêtes brillantes nommées tournois rassemblaient la noblesse entière d’une province. Les nobles seigneurs y paraissaient sur de fringants palefrois[3], couverts de leurs plus riches armures. Ils luttaient entre eux avec des armes courtoises[4], animés de la même ardeur que sur un champ de bataille ; chacun aspirait à faire admirer sa force et son adresse. Ces jeux si recherchés n’étaient pas sans péril ; il y survenait souvent des accidents funestes.

e) Trouvères. — L’hiver enfin, quand sifflait l’âpre bise, que tourbillonnait la neige, le seigneur, sa famille et ses serviteurs se réunissaient dans la grande salle du château, autour de la vaste cheminée où flambaient des troncs d’arbres entiers. Les longues soirées se passaient à écouter des récits de prouesses guerrières. Parfois, au retour du printemps, un poète errant, un trouvère, venait demander l’hospitalité au château ; et alors, au milieu de la vive admiration des auditeurs, il chantait sur son luth[5] les exploits des guerriers célèbres, de Roland surtout et des glorieux paladins.

3. Serfs. — À l’entour des murs de la forteresse étaient éparpillées les habitations des serfs et de quelques hommes libres désignés par les appellations méprisantes de manants[6], vilains[7], ou roturiers. L’état des serfs

  1. Hallali : cri de chasse annonçant que le cerf est aux abois.
  2. Haquenée : cheval de moyenne taille, facile à monter.
  3. Palefroi : cheval de parade.
  4. Armes courtoises : sans pointe ni tranchant. À l’origine, les tournois étaient de vrais combats avec des armes de guerre (Monod).
  5. Luth : instrument de musique à cordes, dans le genre du violon.
  6. Manant (de manere, rester) : paysan.
  7. Vilain (de villa, métairie) : paysan.