Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

Le commerce avait pris une extension magnifique : Bruges était surnommée la « Venise du Nord » et la « reine du négoce ». Son port à Damme recevait les navires de tous les pays. Elle commerçait avec 34 nations. On y vendait la laine, le cuir et le miel d’Écosse et d’Angleterre, les vins de Portugal et de Grèce, — le cuir d’Espagne, — la soie, le velours, les parfums de l’Orient, — les fourrures de la Russie, etc.

2. Villes principales. — Cette grande ville comptait 200.000 habitants ; Ypres et Gand étaient ses heureuses rivales.

Louvain, peuplée de 150.000 âmes, était la perle de la couronne de Brabant. Elle éclipsait les villes pourtant si prospères de Bruxelles, d’Anvers et de Malines.

Liège s’étendait dans une admirable situation sur les deux rives de la Meuse. Le même fleuve baignait les murs de Dinant la Chauldrière, de Namur, de Huy, de Maestricht.

Signalons encore Mons, la première cité du Hainaut, et Tournai. Deux cents villes, en un mot, émaillaient le sol des Pays-Bas, comparables, dit un contemporain, à cette terre heureuse des récits bibliques, où coulaient des ruisseaux de lait et de miel.

3. Luxe. — La bourgeoisie se plaisait à étaler ses richesses dans les fêtes. Quand Jeanne de Navarre, l’orgueilleuse reine de France, vint à Bruges, en 1301, elle ne put voir sans dépit les toilettes splendides des dames brugeoises : « Je croyais être seule reine ici, s’écria-t-elle, et j’en vois des centaines ». — On rapporte que dans un concours de déclamation à Anvers, la chambre de rhétorique de Malines, envoya trois cent vingt-six de ses membres, qui firent leur entrée à cheval, tous vêtus de satin et de velours, avec des ornements d’or et d’argent. — Dans les cérémonies publiques on faisait paraître les milices bourgeoises magnifiquement armées et vêtues de casques de velours[1].

Grâce à cette opulence, les bonnes villes étaient généreuses envers leurs princes et leur fournissaient des subsides considérables. Aussi nos souverains s’entouraient-ils d’un faste royal. Les ducs de Bourgogne tenaient une cour dont la magnificence était sans égale. Au Banquet des vœux, à Lille, en 1454, les tables étaient

  1. Moke.