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Page:Der Marne-Feldzug - die Schlacht - mit zehn Karten und sechs Skizzen.djvu/554

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de ce jour, après que les ordres avaient été déjà envoyés pour la marche sur l'ouest, en particulier pour l'invasion immédiate du Luxembourg, commanda la grande marche vers l'est, le général d'armée v. Moltke passa à un état d'excitation tout à fait incompréhensible, juste maladif, selon les témoins de la scène. « J'avais l'impression que mon cœur allait se briser », écrit-il lui-même à ce propos (v. Moltke, ibid, p. 22), « [...] Il est impossible de décrire l'humeur dans laquelle je suis rentré à la maison, j'étais comme brisé, et versais des larmes de désespoir ... C'était ma première expérience sérieuse dans cette guerre. Je n'ai pas pu dépasser les impressions de cette expérience. Quelque chose était détruit en moi, que l'on ne pouvait pas reconstruire. La confiance et l'assurance étaient ébranlées ... » Cette excitation psychique eut des conséquences physiques si fortes, que la famille du général d'armée ce soir-là eut des soucis sérieux pour lui, et craignait déjà quelque chose de grave (Communication de v. Dommes, alors colonel).

Les excitations permanentes de ces premiers jours, dès avant le début des opérations proprement dites, avaient fait perdre au général d'armée v. Moltke son équilibre intérieur, et par là fortement secoué son état de santé. Ce changement d'état et de constitution du général d'armée v. Moltke semble ne pas avoir échappé au chef du cabinet militaire, le général de corps d'armée d'infanterie baron v. Lyncker. Dès le 10 août, il adresse au ministre de la guerre de l'époque, le général de division v. Falkenhayn une demande pour savoir si « au cas où Moltke s'effondrait, il devait prendre ses fonctions », ce qui fut confirmé par le général v. Falkenhayn (v. Zwehl, Erich v. Falkenhayn, p. 61). Pendant ce temps-là, le sérieux de l'état du général d'armée v. Moltke resta caché à l'Empereur lui-même. C'est ainsi qu'au moment où l'armée allemande avait à surmonter la plus grande épreuve militaire, se tenait à sa tête un chef d'État-major général qui n'était pas en pleine possession de ses forces ni psychiques ni physiques. Sous l'action du cours heureux du début des opérations, son état parut s'améliorer, même si son tempérament mollement sensible souffrait indiciblement des frayeurs de la guerre. « Quels fleuves de sang ont déjà coulé, », écrivait-il pendant la bataille de la Marne le 7/9 à sa femme, « quelle misère sans nom s'est abattue sur les innombrables innocents, dont la maison et la ferme ont été brûlés et dévastés — je suis parfois dépassé par une frayeur, quand je pense, et je le dois, qu'il me faudrait répondre de toutes ces horreurs, et pourtant je n'ai pu agir autrement que je n'ai fait. »

Aussi humainement poignantes que ces paroles puissent encore être, elles montrent que