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Scène II.


ANTOINETTE, OCTAVE.


OCTAVE, en costume de voyage, la tête couverte d’un passe-montagne. Il tient à la main une petite valise et un sac de nuit. Il fredonne :


   Amis, la matinée est belle…

Je suis enchanté d’être venu ici, moi ; j’ai eu là une heureuse idée. J’y serai très-bien. Pour peu qu’on soit enthousiaste, comment s’ennuyer, avec la liberté, au milieu de cette nature ? J’ai apporté quelques bons ouvrages, mes auteurs favoris, un petit traité que je compte achever ici, et un album pour tirer quelques croquis. Eh ! le temps passera bien vite ! Pour compléter mon indépendance, j’ai eu le soin de me délivrer de mon domestique. Voilà donc le gentleman élégant transformé en philosophe ! Mes amis me croiraient-ils capable d’une semblable transformation ? (Apercevant Antoinette.) Ah ! diantre, je ne suis pas seul ! que peut faire ici ce voile bleu ? C’est une anglaise égarée sur la rive ! elle sera venue chercher dans cette cabane un repos de quelques instants. Je crois qu’elle n’est pas jeune. (Antoinette se retourne un peu) Ciel ! des lunettes. Après tout, une Anglaise jolie en voyage serait un phénomène de la nature, un renversement de ses lois.

ANTOINETTE, se retournant tout à fait.

Qu’est-ce que c’est que ça ? une physionomie, un costume qui ne séduiront personne. Que veut cet original ? c’est sans